Elle le reconnaît en souriant : il y avait « beaucoup de cochonneries » et
de messages « mal intentionnés ». Mais de nombreuses sollicitations
venaient d’élus soucieux de parrainer sa candidature à la présidentielle.
Nous sommes peu après midi, le 12 mars 2012, l’écologiste Corinne
Lepage lance un appel « aux maires et grands élus qui veulent faire vivre
la démocratie » et publie sur Twitter son numéro de portable. Ou plutôt
celui de son chef de cabinet de l’époque au Parlement européen,
François Damerval. À peine deux heures plus tard, l’information est
reprise dans un article sur le site du Parisien.
« Tout est parti d’un brainstorming (réflexion ou remue-méninges) au
sein de l’équipe de campagne. Mais jamais de la vie il ne fallait que
Corinne donne son numéro de téléphone personnel », raconte le
collaborateur. Manque de pot, ce même jour, lui et d’autres conseillers
visitent un centre militaire, où les téléphones leur sont interdits. En
sortant, « ma boîte vocale était saturée et j’avais reçu 300 SMS », se
rappelle-t-il. « C’est culotté, mais ça a très bien marché », complète
auprès du Parisien Corinne Lepage, aujourd’hui avocate. Une quinzaine
d’élus auraient accordé leur parrainage par ce biais. Pas assez pour lui
permettre d’atteindre le seuil de 500 signatures.
Retour en 2022. À moins de 10 jours de la date butoir du 4 mars,
plusieurs candidats placés à plus de 10 % des intentions de vote dans les
sondages peinent encore à obtenir 500 parrainages. C’est le cas,
notamment, de Jean-Luc Mélenchon, d’Éric Zemmour et de Marine Le
Pen. La représentante du Rassemblement national a même suspendu
(en partie) sa campagne. Plusieurs exemples passés montrent qu’il est
possible de se retrouver, de peu, privé de premier tour.
Hospitalisé suite à une grève de la faim
Corinne Lepage n’était pas la seule candidate à « galérer » en 2012, de
son propre aveu. Jean-Marc Governatori défendait également une
candidature axée sur l’écologie. Lui aussi voyait le compteur de soutiens
plafonner alors qu‘approchait la date butoir. Sa décision a été radicale :
une grève de la faim, lui faisant perdre neuf kilos en quinze jours et le
conduisant à l’hôpital à la suite d’un malaise. « Je voulais créer un choc
émotionnel, chez les citoyens et les médias, pour que le système change
», raconte-t-il. Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur et
conseiller politique du président Nicolas Sarkozy à cette période, lui a
même envoyé « un mot de sympathie ». Mais sur la ligne d’arrivée, Jean-
Marc Governatori n’avait que 433 parrainages revendiqués.
Toujours en 2012, Dominique de Villepin a lui aussi raté le coche. Deux
semaines avant la date limite, il assurait avoir 400 soutiens. Le 15 mars,
il annonçait finalement sur France 2 que, « sauf miracle républicain », il
resterait à la porte du premier tour. « Une trentaine » de signatures lui
ont fait défaut.
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